
Les services sociaux destinés aux personnes en situation de handicap au Québec représentent un enjeu majeur de société. Ils visent à garantir l’inclusion, la dignité et le bien-être de cette population vulnérable. Cette fiche présente un aperçu des faits, de l’état actuel de la situation, des statistiques disponibles ainsi que des recommandations concernant ces services.
Le Québec dispose de plusieurs lois et cadres réglementaires conçus pour protéger les droits des personnes en situation de handicap. Parmi eux figurent la Charte des droits et libertés de la personne, la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale, ainsi que la Politique gouvernementale pour l’inclusion sociale des personnes handicapées. Les services sociaux offerts englobent un éventail de soutiens, notamment :
Malgré les avancées notables, les personnes en situation de handicap au Québec continuent de faire face à de nombreux défis. Parmi ceux-ci figurent un accès limité aux services, des barrières architecturales et sociales, des cas de discrimination et un manque de sensibilisation du grand public. Ces obstacles soulignent l’importance d’intensifier les efforts pour assurer une société véritablement inclusive et équitable.
Bien que des services soient offerts, de nombreuses personnes en situation de handicap rencontrent des obstacles pour y accéder. Ces difficultés sont notamment liées à des listes d’attente interminables, à des critères d’admissibilité restrictifs et de la complexité des démarches administratives.
Malgré les progrès réalisés en matière d’inclusion sociale, ces personnes continuent de faire face à l’isolement, à la stigmatisation et à la marginalisation dans divers aspects de la vie sociale, culturelle et communautaire.
L’état actuel des services sociaux au Québec est marqué par une fragmentation significative, qui entrave gravement l’efficacité et la qualité des soutiens offerts. Cette fragmentation se traduit par :
La diversité des acteurs impliqués dans la prestation des services sociaux entraîne souvent des doublons et des chevauchements. Cela génère une confusion pour les usagers et nuit à l’efficacité de l’utilisation des ressources publiques. Par exemple, les services de santé, les services sociaux, les services de réadaptation et les programmes d’aide à l’emploi sont souvent gérés par différents ministères ou organismes. Cette situation complique la coordination des interventions et la prise en charge globale des besoins des individus.
Cette fragmentation peut causer des interruptions dans la continuité des soins, affectant négativement la qualité de vie des personnes concernées. Par exemple, une personne en situation de handicap peut rencontrer des obstacles importants lorsqu’elle doit passer d’un service à un autre. Ces obstacles entraînent des retards dans l’accès aux soins, des lacunes dans le suivi et, dans certains cas, une détérioration de sa condition générale.
Cette fragmentation des services sociaux accentue les barrières entre les différents secteurs de la société, limitant l’accès à des services holistiques et intégrés. Cette situation alimente la stigmatisation et la marginalisation, nuisant ainsi à l’autonomie, à l’inclusion sociale et au bien-être des personnes concernées en situation de handicap.
Les soins à domicile constituent une véritable bouée de sauvetage pour de nombreuses personnes en situation de handicap au Québec. Ces services permettent aux individus de recevoir les soins nécessaires tout en profitant du confort et de la familiarité de leur propre foyer. Des professionnels qualifiés, tels que des infirmières, des aides-soignants et des thérapeutes, apportent un soutien précieux en matière de soins médicaux, d’aide à la vie quotidienne, de réadaptation et de soutien émotionnel. Ces soins personnalisés favorisent l’autonomie, la dignité et la qualité de vie des bénéficiaires, tout en allégeant les coûts et la pression exercée sur les établissements de santé.
Cependant, malgré leur rôle crucial, les soins à domicile au Québec sont confrontés à de nombreux défis :
En conclusion, les services sociaux pour les personnes en situation de handicap au Québec jouent un rôle vital dans leur participation et leur pleine intégration dans la société. Néanmoins, les défis persistants exigent une action concertée et des mesures stratégiques pour garantir :
Comme le souligne Joanne Castonguay, commissaire à la santé et au bien-être :
« Malgré une augmentation des ressources financières au cours des dernières années, peu d’usagers reçoivent les soins et les services dont ils ont réellement besoin. Augmenter les budgets sans revoir l’organisation des services semble donc avoir un impact limité. »
La Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) de l’Organisation des Nations Unies est un traité international adopté en 2006 pour protéger et promouvoir les droits des personnes en situation de handicap à l’échelle mondiale. Le Canada, aux côtés de 183 autres États parties, s’est engagé à respecter les obligations légales énoncées dans la CDPH.
Améliorer l’accessibilité du programme de soutien à domicile (SAD) pour les personnes en situation de handicap est une priorité incontournable.
Le Canada et le Québec se démarquent par une allocation disproportionnée des ressources en faveur de l’hébergement, au détriment des soins à domicile. Au Québec, 9,4 % des personnes âgées de 65 ans et plus vivent en établissements de soins de longue durée, comparativement à 6,8 % au Canada et environ 4 % dans des pays comme la France, l’Allemagne, la Norvège ou les Pays-Bas. Ce poids important de l’hébergement, bien plus coûteux, illustre une inefficience des choix budgétaires3.
La majorité des personnes en situation de handicap ne souhaitent pas vivre en CHSLD. Elles aspirent à demeurer chez elles et à participer activement à la société sans subir une institutionnalisation coûteuse et souvent mal adaptée. Investir davantage dans le SAD permettrait d’éviter ces placements en milieux institutionnels (CHSLD, maisons des aînés, etc.), tout en offrant une alternative plus humaine et plus économique.
Le programme de soutien à domicile (SAD) est perçu comme une solution essentielle, mais il souffre actuellement de multiples lacunes :
Le SAD québécois reçoit moins de ressources que les autres provinces canadiennes et que les pays du Commonwealth.
Les disparités entre CLSC, CES, EESAD et autres organismes, ainsi qu’entre les régions, limitent l’accès équitable aux services.
Une part trop faible du budget est allouée aux services directs sur le terrain, et les lourdeurs bureaucratiques nuisent à son efficacité.
De plus, les clientèles vivant avec des déficiences physiques (DP), des déficiences intellectuelles (DI) ou des troubles du spectre de l’autisme (TSA) nécessitent une prise en charge adaptée et distincte de celle des personnes en perte d’autonomie. Ces personnes, souvent actives professionnellement ou engagées dans des apprentissages, requièrent des services flexibles répondant à leurs besoins particuliers.
Pour remédier à ces défis et renforcer l’efficacité du programme de soutien à domicile, il est nécessaire de :
Augmenter le budget dédié au SAD afin de garantir un financement adéquat.
En parallèle, il est essentiel de développer des initiatives pour sensibiliser le public aux enjeux liés au handicap, notamment en :
Une réforme du programme de soutien à domicile (SAD) nécessite un effort concerté entre les gouvernements, les organismes communautaires, les professionnels des services sociaux et les personnes en situation de handicap. Ensemble, ils peuvent créer un système plus inclusif, efficace et adapté, garantissant à chacun le droit de vivre dignement et pleinement intégré dans la société.
En parallèle, il est essentiel de développer des initiatives pour sensibiliser le public aux enjeux liés au handicap, notamment en :
Une réforme du programme de soutien à domicile (SAD) nécessite un effort concerté entre les gouvernements, les organismes communautaires, les professionnels des services sociaux et les personnes en situation de handicap. Ensemble, ils peuvent créer un système plus inclusif, efficace et adapté, garantissant à chacun le droit de vivre dignement et pleinement intégré dans la société.
Boivin, L., Bernstein, S., & Verville, M.-H. (2023). Un travail de soins à valoriser : Pour une pleine protection des travailleuses employées via le programme québécois d’Allocation Directe/Chèque Emploi-Service — Rapport de recherche Au bas de l’échelle.
Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE). (2023). Bien vieillir chez soi – Tome 1 : Comprendre l’écosystème.
Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE). (2023). Bien vieillir chez soi – Tome 2 : Chiffrer la performance.
Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Convention relative aux droits des personnes handicapées, Nations Unies.
Lavoie-Moore, M. (2021). Le chèque emploi-service améliore-t-il les services à domicile au Québec ?, IRIS.
Fiche rédigée en collaboration avec Dominique Salgado (CAPVISH), avec la rétroaction de la COPHAN.