
La participation culturelle accessible et inclusive permet à chaque individu, quelles que soient ses capacités, de vivre des expériences enrichissantes en tant que public ou professionnel culturel. Cette participation doit permettre de vivre des émotions, susciter la réflexion et permettre l’émerveillement. Elle doit également faciliter l’expression d’une identité collective ou individuelle. Toutes les formes d’art et de culture sont concernées, y compris la musique, la danse, le théâtre, les arts visuels, la télévision, la littérature et le cinéma.
L’accessibilité culturelle implique d’éliminer les barrières physiques, financières et sociales qui peuvent empêcher certaines personnes de participer pleinement. Toutefois, il ne suffit pas d’accéder à la culture : il est également primordial de se sentir appartenir à celle-ci. En promouvant une représentation positive, l’art contribue à briser les stéréotypes nuisibles et remet en question la marginalisation des personnes en situation de handicap. L’art devient ainsi une source de revendication et de résistance.
Pour les personnes en situation de handicap, la participation culturelle est préoccupante, que ce soit en tant que public, artiste ou professionnel culturel.
Du côté du public, au Québec, l’écart de participation à au moins une sortie culturelle au cours de la dernière année est de 10 % inférieur pour les personnes en situation de handicap par rapport à celles ayant des capacités (ECI, 2016). Cet écart se creuse de manière significative chez les personnes ayant une incapacité motrice (25 % de moins que les personnes sans handicap). En France, en 2022, 52 % des personnes en situation de handicap estiment que l’accès à la culture est difficile, bien que ce chiffre soit en nette diminution par rapport aux années précédentes (Fondation Handicap Malakoff Humanis). Les personnes en fauteuil roulant se sentent particulièrement pénalisées par rapport à celles souffrant d’autres types de handicaps. Ces dernières considèrent que l’accessibilité physique est l’axe d’amélioration prioritaire, bien loin devant les services d’assistance ou les tarifs.
Les enjeux rencontrés par les personnes en situation de handicap varient également selon le secteur culturel, même si de grands thèmes se recoupent. Les expériences inclusives proposées demeurent généralement éphémères et ne semblent pas s’imposer durablement dans les pratiques professionnelles (Société inclusive, 2024). Les interventions mises en avant sont principalement technologiques (44%) ou liées à la refonte de la programmation (27 %), plutôt que centrées sur l’accès aux bâtiments (9%), la gouvernance (9%), la communication (6%) et l’éducation (5%). De nombreux projets d’accessibilité ne sont pas subventionnés, même si ceux portant sur l’architecture ou la programmation le sont davantage. Les avancées en matière de programmation se distinguent particulièrement bien dans les médias, avec un engouement pour le théâtre et la danse en audiodescription.
En ce qui concerne les artistes, les personnes en situation de handicap se heurtent à des obstacles spécifiques, tels que des possibilités de formation limitées, une faible diffusion de leurs œuvres et des revenus moindres. Par exemple, en 2012-2013, les artistes en situation de handicap recevaient seulement 0,7 % du financement du Conseil des arts du Canada, alloué à l’ensemble des artistes (Conseil des arts du Canada, 2020). Bien que ce pourcentage ait probablement évolué depuis, l’émergence de bourses et de programmes de soutien pour les artistes en situation de handicap, très peu de données existent quant à leur présence ou leur épanouissement dans les métiers culturels.
Globalement, nous constatons que l’évolution des subventions a un impact significatif sur l’accessibilité et l’inclusion. Toutefois, elles restent encore trop ponctuelles pour générer des effets durables. Pour rendre la pratique culturelle réellement accessible et inclusive, il sera nécessaire de passer d’une stratégie de « bricolage » à une stratégie de changement organisationnel et structurée (Société inclusive, 2024).
Peu de normes s’appliquent spécifiquement au domaine de l’art et de la culture. Certaines grandes institutions culturelles sont tenues de respecter des obligations en matière de plans d’action. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CTRC) impose des exigences d’accessibilité en matière de vidéodescription et de sous-titrage codé.
L’engagement des responsables est essentiel à toutes les étapes des projets et dans tous les volets des organisations. Voici quelques mesures concrètes à adapter en fonction de votre réalité :
Peu de formations sont offertes exclusivement pour le milieu culturel. Les formations à l’accueil sont la première avenue à consulter. Consultez la fiche Service à la clientèle.
Accueillir des publics en situation de handicap au musée, Société des musées du Québec et Kéroul.
Audiodescription en danse, Danse-Cité.
Le programme provincial Culture et inclusion vise à accroître l’offre d’activités, de services ou de biens culturels pour les personnes risquant l’exclusion.
Le Fonds pour l’accessibilité de la radiodiffusion soutient des solutions novatrices pour l’accessibilité des contenus radiodiffusés au Canada.
Les programmes de subvention au loisir accessible peuvent parfois s’appliquer à des projets culturels. Consultez la fiche Loisirs, sports et toursme.
Les programmes relatifs à l’environnement bâti peuvent rendre les espaces culturels plus accessibles. Consultez la fiche Environnement bâti.
Accessible Art & Placemaking Toolkit, Steps Public Art.
Accessibilité universelle : des outils pour le milieu artistique, Conseil des arts de Montréal.
Médiation culturelle, musées, publics diversifiés : guide pour une expérience inclusive, Écomusée du fier monde (PDF, 30 Mo).
Fiche rédigée en collaboration avec Julie-Anne Perrault, consultante en accessibilité universelle, avec la rétroaction d’Aurélia Fleury et d’Alexandra Gilbert (AQLPH).